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La fille du Fleuve (travail de Huúnh Ngäc Trang) NguyÔn Quang ThiÒu Tªn khai sinh: NguyÔn Quang ThiÒu, sinh ngµy 13 th¸ng 3 n¨m 1957 t¹i quª gèc: x· S¬n C«ng, huyÖn øng Hßa, tØnh Hµ T©y. HiÖn ë thÞ x· Hµ §«ng. §¶ng viªn §¶ng Céng s¶n ViÖt Nam. Tr×nh ®é v¨n hãa: §¹i häc: NghÒ chÝnh hiÖn nay: biªn tËp b¸o V¨n nghÖ cña Héi Nhµ v¨n ViÖt Nam. Héi viªn Héi Nhµ v¨n ViÖt Nam (1991).
NguyÔn Quang ThiÒu xuÊt th©n trong mét gia ®×nh viªn chøc, thuë nhá sèng ë quª. Tèt nghiÖp ®¹i häc ë Cu Ba, vÒ níc c«ng t¸c ë ngµnh an ninh mét thêi gian, hiÖn c«ng t¸c t¹i TuÇn b¸o V¨n NghÖ.
C¸c t¸c phÈm ®· xuÊt b¶n: Th¬: - Ng«i nhµ tuæi 17 (1990); Sù mÊt ngñ cña löa (1992); Nh÷ng ngêi lÝnh cña lµng (1994); Nh÷ng ngêi ®µn bµ g¸nh níc s«ng (1995). V¨n: - Cá hoang (tiÓu thuyÕt, 1990); Vßng nguyÖt quÕ c« ®¬n (tiÓu thuyÕt, 1991); TiÕng gäi t×nh yªu (tiÓu thuyÕt, 1992); Ngêi ®µn bµ tãc tr¾ng (tËp truyÖn ng¾n, 1993); KÎ ¸m s¸t c¸nh ®ång (tiÓu thuyÕt, 1995); §øa con cña hai dßng hä (tËp truyÖn ng¾n, 1996). DÞch thuËt: - Chã Ding« (dÞch chung, 1992); Kho¶ng thêi gian kh«ng ngñ (dÞch chung, 1995).
Gi¶i thëng v¨n häc ®· nhËn: - Gi¶i thëng th¬ 1983 - 1984 cña t¹p chÝ V¨n nghÖ Qu©n ®éi víi t¸c phÈm §ªm trªn s©n ga; - Gi¶I thëng truyÖn ng¾n 1989 - 1990 t¹p chÝ V¨n nghÖ Qu©n ®éi víi t¸c phÈm Mïa hoa c¶i bªn s«ng; - Gi¶i thëng truyÖn ng¾n hay 1991 cña Héi Nhµ v¨n thµnh phè Hå ChÝ Minh víi t¸c phÈm C¸I chÕt cña bÇy mèi; - Gi¶i thëng th¬ hay 1993 cña b¸o V¨n nghÖ Thµnh phè Hå ChÝ Minh víi t¸c phÈm Nh÷ng ngêi ®µn bµ g¸nh níc s«ng; - Gi¶i thëng bót ký 1991 cña TuÇn b¸o V¨n nghÖ (Héi Nhµ v¨n) víi Thµnh phè chØ sèng 60 ngµy; - Gi¶i thëng truyÖn ng¾n 1993 - 1994 cña t¹p chÝ V¨n nghÖ Qu©n ®éi víi Hai ngêi ®µn bµ xãm Tr¹i; - Gi¶i thëng cña Héi Nhµ v¨n ViÖt Nam víi tËp th¬ Sù mÊt ngñ cña löa; - Gi¶i thëng th¬ cña Liªn ®oµn Thanh niªn sinh viªn §¹i häc Tæng hîp Lahabana 1986 víi Trß chuyÖn víi H«xª Macti.
Chacun de ses textes (la Fille du fleuve, 1998; la Petite Marchande de vermicelle, 1998) est un arrêt sur image, une mise en lumière du Vietnam contemporain qui mélange en une mosaïque étonnante la tradition et la modernité. Témoin le premier récit du livre – inspiré de faits réels - qui nous emmène chez les «gens du Fleuve». (Quand sa femme meurt, Luong aborde dans sa barque les villages riverains. Mais personne ne lui permet d'inhumer la défunte. Alors, il la couche au fond de l'eau sous des pierres et fait le vœu de ne plus jamais poser le pied sur la terre ferme). Désenchantement, dérision, humour et tendresse se mêlent dans ses petites histoires aux mille parfums.
Résumé de l’ histoire
ne famille vit sur une barque non loin de l’embarcadère Chua sur le fleuve Day. A la suite de la mort de la mère durant un été, le père fit le serment que lui, Luong, ses deux fils, Soy et Cat ainsi que sa fille, Chinh, ne remettraient plus jamais les pieds sur la terre ferme. Pour vivre, ils puisent du sable de la rivière pour le revendre aux habitants du bourg qui font construire des maisons. Parce qu’à la mort de sa femme, aucun village riverain n’avait accepté de l’inhumer, chaque année, à l’anniversaire de sa mort, Luong et ses enfants se rendent à Bai Yen pour préparer les offrandes. Chinh, à la différence de ses frères rêve du rivage. Un matin, alors qu’elle regarde cette berge « paradisiaque », elle aperçoit un tapis de fleurs de moutarde couleur jaune d’or. Emerveillée, elle décide de se rendre, un soir, sur le rivage afin de cueillir ces fleurs. Elle réitère chaque soir sa venue sur la terre ferme jusqu’au moment où elle rencontre un jeune homme s’appelant Thao dont, elle tombe amoureuse. Celui-ci, à la demande de Chinh, enlève le corps de la mère gisant au fond de la rivière et lui offre une sépulture à terre. Luong apprenant la liaison de sa fille avec un homme de la terre et, la disparition du corps de sa femme sous les eaux, devient fou de rage. Thao propose alors au père de lui dévoiler le lieu, tenu secret, de la tombe de sa femme en échange de la mise en liberté de Chinh qui est tombée enceinte. Lorsque Thao retourne au lieu où il avait quitté Chinh et les siens, il ne voit plus la barque. Suivant les rumeurs, il part à la recherche de sa bien aimée « jusqu’à la mer, là où le fleuve se perd, là où il n’y a plus de rivage ». Un matin Thao se lève et, alors que les fleurs de moutarde se sont épanouies dans la nuit, il découvre l’empreinte de deux petits pieds.
Les principaux ersonnages
Luong Il a 60 ans, il a de « longs cheveux roulés en chignon, une barbe blanche qui couvre entièrement sa poitrine, des épaules brunes musclées et marquées comme le garrot d’un buffle. Un corps qui semble taillé dans le roc… » (p.15). Il est veuf depuis plus de 10 ans. Lui et sa famille vivent sur sa barque. L’été où sa femme est morte l’a complètement transformé. Il a dû être un bon mari et être très attaché à sa femme à en voir son comportement dans les premiers jours de sa mort (p.16 : « pendant trois longues journées Luong n’a pas quitté l’habitacle, veillant le corps de sa femme. »). C’est sûrement avec beaucoup de regret mais, surtout rempli de colère, qu’il a choisi le fleuve pour enterrer sa femme (p.16 : « il a pris en pleurant le corps de la morte »). C’est à ce moment que Luong n’est plus resté le même. Il a d’abord fait de cette barque qui filait librement au fil de l’eau, une prison pour lui, ses enfants mais surtout pour Chinh et son frère Cat, p.19 : « moi ? J’en ai marre de cette vie, c’est pire qu’une prison » ; p.29 : « vous avez enterré votre femme au fond d’un fleuve noir et froid et maintenant c’est votre fille que vous enterrez au fond de cette barque ». Il vit enfermé sur cette rivière, il s’est ôté le droit de marcher sur la terre, son esprit est resté au fond avec sa femme (p.20 : « un vieillard autoritaire se permet de faire la loi : il se séquestre lui même… nous faisons tout sur le fleuve : nous y bouffons, nous y buvons, nous…). Il est aussi intolérant que ceux qui avaient refusé le corps d’une « femme du fleuve » : il refuse que sa fille aime un homme de la terre. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’aime plus ses enfants.Cat, le fils aîné il a épousé la fille d’un pêcheur (p.17) et ils vivent tous les deux sur la barque (p.20 : « quand Luong est rentré ce soir-là, la femme de Cat lui a rapporté la querelle des deux frères »). Il en a marre de cette vie, marre du fleuve et regrette, au fond de lui une vie qu’il aurait pu avoir, p.20 : « c’est l’ignorance qui fait de nous des prisonniers… Puisque aucun de nous ne va à l’école ». Lui comme Chinh sont pris entre le respect pour le père et le respect pour la mère, entre piété filiale et révolte contre le père et la vie qu’il leur fait vivre.La femme de Cat On ne sait pas grand chose sur elle, à part qu’elle est la fille d’un pêcheur. Elle a du respect envers le père mais elle reste toujours très effacée. Elle ne fait rien contre le père, p.20 : « Quand Luong est rentré ce soir-là, la femme de Cat lui a rapporté la querelle des deux frères » ; p.28 : « Elle va vers lui et lui remet des papiers froissés ».Soy, le fils cadet il accepte cette vie sur le fleuve, mais est-ce par piété filiale ? Il ne discute pas ce que fait son père. Il croit aveuglément en ce que dit son père. Il y a un parfait accord entre-eux deux ; p.19 : « Et là-bas, qu’est-ce que tu crois ? que c’est le paradis ? Là-bas il y a des prisons : même les volailles sont enfermées ! », p.19 : « Qui t’enferme ici, Cat ? Papa ? Ou moi ? Ou bien Chinh ? », p.20 : « Tais-toi crétin ! Si papa t’entendait, il te tuerait. ». Soy a toute la confiance de son père puisque c’est lui qu’il envoie sous l’eau examiner la tombe (p.27). Soy est le seul, grâce à sa mère, à savoir lire sur l’embarcation (p.28). On peut penser que Soy est, en plus d’être prisonnier physiquement sur cette barque, prisonnier mentalement par les pensés de son père.Chinh, la fille Elle a 17 ans et elle est née sur le fleuve. Elle a la beauté de sa mère et le courage de son père, p.18 : « elle est douceur et toute harmonie. Comme le fleuve. Elle a la fragile beauté de sa mère et le courage de son père ; et c’est dans l’eau du fleuve qu’elle a puisé son aura de mystère. Fille, elle est plus hardie que ses frères ». Elle rêve du rivage et, comme son père et Cat, elle est analphabète. Son plus grand désir est, par piété filiale, d’enterrer sa mère sur la terre ferme (p.17 : « je t’en prie Papa, remonte-la sur la terre ! »). Mais elle ne peut pas le faire toute seule car elle a un profond respect envers son père, p.28 : « elle joint les mains et se prosterne ». Par le tapis de fleurs de moutarde jaune d’or, c’est une façon de s’échapper. Elle a trouvé une bonne raison dans son inconscient pour désobéir à son père et aller sur la berge. Elle rencontre un jeune homme, Thao, tombe amoureuse et tombe enceinte. Mais dans les premiers instants, cet amour lui semble impossible tellement son père exerce un poids important sur elle, p.25 : « tu es un homme de la terre ». Elle va revivre grâce à lui car il va lui faire connaître l’amour (p.25 : « Elle ignore tout de l’amour, mais pourquoi son cœur bat-il si fort ? Pourquoi tremble-t-elle ainsi ? c’est doux ça fait chaud, comme jadis quand elle se blottissait dans les bras de sa mère »), apprendre à lire et surtout, il va remonter sa mère sur la terre, p.26 : « elle sourit, elle est heureuse ». Elle est la victime de cette histoire. Elle est victime de l’autorité du père et de la vie qu’il a choisie d’avoir.Th¶o , l’amoureux Il aime Chinh et il l’a connue parce que sa mère s’était plainte qu’une personne volait des fleurs. Il habite avec sa mère sur la berge. Il y a 5 ans, il était chez les commandos de marine et c’est ce qui l’a rendu fort et vigoureux (p.26). il est aussi instruit : « après sa démobilisation, il s’est inscrit à l’école supérieure des langues, en section d’anglais », p.26 ; et il aime la poésie : « tiens. Je t’ai recopié des poèmes de Rabindranath Tagore. Tu connais ? ». Il fait revivre Chinh en l’aimant et, en exauçant son plus grand vœu : il enterre sa mère morte il y a maintenant 13 ans(Chinh a 17 ans et sa mère est morte alors qu’elle avait 4 ans) (« il faut l’enterrer vraiment dans la terre ; nous allons le faire et je planterai des fleurs tout autour de la tombe », p.26 ; « j’ai remonté son corps pour le coucher sous la terre par piété filiale », p.29). Vivant dans un univers où la mort est omniprésente, il donnera de la vie à Chinh notamment en la mettant enceinte. Après s’être disputé avec Luong et après avoir été le seul à lui dire la vérité, le seul à lui dire qui il est (p.29~30 : « vous devriez plutôt remercier votre fille. Vous ne connaissez qu’une chose : votre autorité de père. Dans quelques années vous mourrez, et vous ne serez même pas conscient d’avoir maltraité tous les vôtres, de les avoir condamnés à une existence sinistre et insencée . »), il ne reverra plus jamais son aimée. Vit-elle encore ? La reverra-t-il un jour ? A qui sont les minuscules empreintes de pieds qu’il a vues un matin ? Telles sont les questions que se pose Thao.
Les gens du Fleuve
u Vietnam le fleuve Saïgon rayonne sur des générations d'ouvriers et de commerçants. Une existence avec l'eau, de la naissance à la mort.
« Je suis la troisième génération qui vit sur la rivière », affirme Manh, conducteur d'un petit bateau. Ils sont beaucoup comme lui dans le pays des rivières. Le Vietnam n'a pas de Seine romantique pour représenter une ville. Au Vietnam, il y a des rivières qui nourrissent les hommes de génération en génération. Les rivières qui arrosent les plaines. Les rivières qui donnent des poissons. Les gens de rivière n'ont pas besoin de domicile fixe : leur bateau est aussi leur maison. Des maisons flottantes qui suivent les cours d'eau. Ils sont des SDF dignes. Ils ont un travail respectable : transporteurs de marchandises, ils relient la campagne aux villes. Ils emmènent le riz et les fruits à la ville, et ramènent les objets quotidiens dont ont besoin les paysans. Leur séjour sur l'eau peut durer jusqu'à deux mois. « Mes deux enfants sont nés dans mon petit bateau », raconte Manh. Simple comme il doit l'être. « Quand mes enfants grandiront, je devrai faire des économies pour leur offrir un bateau et ils feront le même métier que moi. » Simple comme sa vie. C'est presque inscrit dans la tradition. Les gens de rivière doivent se marier avec des gens de la même situation. Leur amour ne naît pas de dîners en tête-à-tête. Leur amour naît des chants populaires. Des chants qui se transmettent de père en fils. Parler des gens de rivière, c'est aussi parler des gens pauvres qui vivent au bord des rivières, dans les grandes villes. Des gens de l'entre-deux-cultures. La culture rudimentaire des campagnards et la culture citadine. « Peut-être quand les transports modernes se développeront, quand on n'aura plus besoin de moi, je devrai chercher un lieu fixe pour mon bateau », explique Manh. « Mais je ne quitterai jamais la rivière. » Les gens de rivière sont fidèles. L'eau ne revient jamais, mais les gens restent amoureux d'elle. Pour toujours. Dans le pays des rivières, la vie de chacun tient à un cours d'eau. Ce serait une petite rivière qui coule tranquillement derrière le taudis de sa grand-mère. Rivière ! Ô rivière ! Tant de Vietnamiens connaissent par cœur les vers mélancoliques de Te Hanh, un poète contemporain. « Dans mon pays natal, il y a une rivière bleue. Les haies de bambou se reflètent dans son eau. Mon âme est un après-midi d'été qui reflète ce cours d'eau plein de rayons. » – © Hors Les Murs – juin 2000 – http://www.hors-les-murs.net
La Conlusion
Quelle drôle de vie mènent Luong et ses enfants sur cette barque. La mère est morte et à partir de ce moment-là, Luong tombe dans une incroyable phobie : la peur de la terre (« jamais il n’a peur pour elle, lorsqu’elle est dans l’eau du fleuve, même en période ; mais si elle pose le pied sur la terre ferme, alors il est mort d’inquiétude », p.18). Cette histoire montre à quel point la discrimination peut entraîner comme choses. On peut se poser une question à propos du titre : Qui est la fille du fleuve ? Est-ce Chinh ou est-ce son enfant ? En tout cas, NguyÔn Quang ThiÒu, vivant près de ce majestueux fleuve Day qui dessine le cours de son œuvre a écrit une très belle et émouvante nouvelle sur les sujets de la mort, la vie et l’amour. |