La jeune femme de Nam Xuong
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en téléchargement:  VIE 2A - VIE 200 Introduction à la littérature vietnamienne la jeune femme de Nam Xuong

VIE 2A / VIE 200 Introduction à la littérature vietnamienne

Exposé de BB et NTH

 

Thiêu Phu Nam Xuong

 

ou

 

La jeune femme de Nam Xuong

 

I La légende.

 

·         Le récit.

·         Origine de la légende.

 

 

II Le merveilleux.

 

·         Forme du merveilleux.

·        Symbolique des éléments.

 

 

III Le culte des ancêtres.

 

·         L’expression du culte.

·         La piété filiale.

 

 

IV Conclusion.

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 



La jeune femme de Nam Xuong

 

Il était une fois une jeune femme qui épousa Truong, ils mangeaient et vivaient ensemble ; et, alors qu’ils venaient d’avoir un enfant, le mari dût partir comme soldat dans un poste de frontière dans les hautes régions.

A cette époque les voies de communications étaient très difficiles, la femme restait à la maison avec son jeune enfant, et attendait tout le temps son mari, sans recevoir de ses nouvelles, et n’espérant plus son retour.

Le jour où son mari était parti, l’enfant était encore dans les bras de sa mère et, jusqu’à ce que l’enfant sache déjà parler et marcher, la jeune femme veillait toujours tard et très seule. La nuit avec la flamme d’une lampe à huile, elle faisait la couture en faisant attention au somme de son enfant ; la jeune femme ne pouvait pas dormir et pensait affectueusement à son mari. Une nuit un orage éclata, le tonnerre se mit à gronder violemment, le vent fort éteignit la flamme de la lampe, l’enfant qui était en train de dormir sursauta brusquement et cria en pleurant. La jeune femme serra vivement l’enfant et le prit dans ses bras, ralluma la petite mèche, voyant son enfant toujours pleurer, elle montra son ombre sur le mur en bambou, et consola l’enfant en disant : « Tais-toi mon enfant, n’aie pas peur, ton père est ici ! » L’enfant regarda l’ombre puis cessa de pleurer

La nuit suivante, l’enfant réclama de nouveau à rencontrer son père avant d’aller dormir. La mère qui pensait de plus en plus à son mari, s’inclina devant la lampe pour que son ombre soit projetée sur le mur en bambou. Elle apprit à l’enfant à joindre ses deux mains devant l’ombre pour dire : « Père, je vais dormir. »

Le petit garçon imita ce que fit la mère, puis chaque soir pratiquant ces gestes avant d’aller dormir, il saluait en croisant les bras l’ombre de sa mère et appelait son père. La jeune femme, toute seule, opposée à l’ombre, regardait l’enfant qui dormait et pensait alors à son mari.

Puis un jour, finissant son service militaire, le mari revint. Après combien d’années de séparation, joyeuse et se sentant tout de même humiliée la jeune femme regarda son mari heureuse et les yeux pleins de larmes. Laissant le mari s’amuser avec son enfant, elle sortit au marché pour acheter de la nourriture afin de pratiquer la célébration du grand remerciement et fêter le retour du mari.

Pendant l’absence de sa femme, le mari embrassa et câlina son enfant, lui dit de l’appeler papa, l’enfant alors s’agita en signe de mécontentement et dit : « Non vous n’êtes pas mon père. Mon père ne vient que la nuit quand je vais me coucher. Ecoutant la parole de l’enfant, le mari souffrit amèrement jusqu’au fond du cœur, toutefois parce que trop sensible et trop fier, il ne voulut pas demander à sa femme ce qu’elle faisait quand il était absent, bien qu’il souffrait terriblement en silence. L’attitude froide du mari étonna sa femme ; elle se résigna toutefois à rester silencieuse et  à souffrir.

Pendant qu’il célébrait les ancêtres pour rendre grâce au ciel de l’avoir protégé à revenir dans la paix, le mari, après avoir fini de se prosterner enroula la natte afin que sa femme ne célèbre à son tour les ancêtres. La jeune femme, les larmes aux yeux, se sentant très humiliée, la voix étranglée par l’émotion, ne comprit pas du tout la raison d’une telle réaction.

L’atmosphère dans la maison devint soudainement lourde, on ne pouvait y respirer que difficilement. Devant les paroles de tourments non fondés, malgré les gestes pudiques d’amour tendre de la femme, le mari froid se tint à l’écart. Il ne prit même pas la peine de regarder son fils.

Quand le plateau d’offrande de riz fut descendu de l’autel, le mari ne toucha pas aux baguettes. Le potage de riz se refroidissait, la jeune femme tranquille attendait, malheureuse dans son cœur. Puis, tout à coup, le mari se leva, pris sa toilette et sortit, sans dire un mot.

L’épouse ne comprit pas pourquoi son mari changea subitement et sans raison, elle se résigna à attendre jour après jour. Elle souffrit en silence, pleura jusqu’à ne plus avoir de larmes, jusqu’au jour où elle ne put plus supporter la situation, la jeune femme confia son enfant à un voisin, se rendit à la rivière et se jeta à l’eau en se laissant emporter par le courant.

Le mari, apprenant le suicide de sa femme, n’eut pas la conscience tranquille et rentra à la maison. La nuit venue lorsqu’il alluma la flamme de la lampe à huile, le mari aperçut soudain l’enfant joindre ses deux mains et saluer l’ombre de son père projetée sur le mur de bambou, avant d’aller se coucher. Le mari sentit un froid s’emparer de son corps et reconnut tout de suite ses terribles erreurs qui entraînèrent la mort de sa fidèle femme.

Le lendemain, le mari porta l’enfant à la rivière et pleura en se lamentant d’une manière dramatique, puis il édifia un autel pour le salut de sa femme afin qu’elle soit libérée de ses tords. Pour rattraper ses erreurs, le mari jura fermement de vivre seul jusqu’à la mort, et élever son enfant jusqu’à son succès scolaire.

Les gens de la région apprenant l’histoire de l’épouse fidèle édifièrent alors une stèle pour faire le culte du bord du fleuve et on l’appela la stèle de l’épouse de Truong.

Jusqu'à la dynastie des Lê postérieurs le roi Thai Tôn de passage par hasard par-là  apprenant cette histoire fut touché et composa un poème qui  nous a été transmis encore jusqu’à ce jour :

Nghi ngút ð¥u ghªnh töa khói hß½ng,

Miªu ai nhß miªu vþ chàng Trß½ng.

Ng÷n ðªn d¥u nh¡n ð×ng nghe trë,

Làn nß¾c chi cho løy ðªn nàng.

ChÑng quä có ðôi v¥ng nh§t nguy®t,

Giäi oan chi mßþn ðªn ðàn tràng.

Qua ðây m¾i biªt ngu°n c½n ¤y,

Khá trách chàng Trß½ng khéo phû phàng...


 


I.                  LA LEGENDE.

 

A.     Le récit.

 

Voir page précédente.

 

B.     Origine de la légende.

 

Par le terme « poste de frontière », on en déduit qu’il ne s’agit pas d’une légende de minorités, c’est une légende vietnamienne. Cette famille fait partie d’un état structuré qui résiste, selon les versions, soit au royaume du Champa, soit à la Chine. L’histoire se passerait donc aux alentours du XIII-XV siècle (sous la dynastie des Trân et début des Lê postérieurs). D’ailleurs, à la fin du texte, il est indiqué le passage du roi Lê Thai Tôn (1460-1475) dans ce village où il apprend par la suite cette histoire. Notons aussi que, sous le règne des Trân (1225-1413), le Viêt-Nam dût résister au nord, aux attaques des chinois et au sud, à celles des chams.

Concernant le lieu Nam Xuong, il s’agit de l’ancienne province de Hà Nam Ninh dans le nord du Viêt-Nam, à 50 km au sud de Haiphong. Actuellement, cette province est divisée en deux : Nam Hà et Ninh Bình.

 

 

II.               LE MERVEILLEUX.

 

A.     Forme du merveilleux.

 

Le merveilleux se présente petit à petit dans le texte.

Tout d’abord au début, avec la précision du lieu où est envoyé le mari : « les hautes régions ». C’est un lieu hostile, certainement un lieu de combat car il part comme soldat dans un poste de frontière.

D’autre part, ces hautes régions sont considérées, par les vietnamiens , comme des lieux habités par les âmes et les esprits et, c’est pour cela que les habitants s’établissaient en général dans les plaines, comme cette famille dans le texte. Dans ces hautes régions, Truong devra à la fois engager une lutte contre les ennemis mais également contre les esprits.

Ensuite, apparaissent deux éléments qui amènent une certaine atmosphère tendue : l’orage et la nuit. En effet, la phrase « une nuit un orage éclata » présente une situation particulière en nous faisant comprendre qu’habituellement, les nuits sont calmes (elles seront associées, comme nous le verrons plus tard, au culte du père). On peut noter une double confrontation entre la lumière et l’obscurité associées au principe Âm/Duong. La 1ère apparaît avec l’orage (avec notamment les éclairs dans la nuit) et la seconde, entre la maison éclairée et calme, et l’extérieur obscur et tumultueux (confrontation nôi/ngoai). Sachant que Truong est à l’extérieur de la maison, on peut peut-être associer le début de l’orage au début des combats.

Du point de vue de la situation, la tranquillité de la famille a été perturbée par la venue de l’orage et , plus précisément par le vent éteignant la bougie. C’est à partir de cet instant que l’élément principal du merveilleux, c’est-à-dire l’ombre, va apparaître. D’autre part on note une confrontation âm/duong : en effet c’était par le calme et la lumière (élément Duong) que l’enfant était rassuré puis, par la suite, c’est l’ombre (élément âm) de la mère qui apporte la sécurité.

En ce qui concerne la flamme, elle a une connotation plus chaude, plus vivante que la lampe qui n’est alors qu’un objet pour éclairer. Elle a son importance dans le déroulement de l’histoire. En effet, du début du texte jusqu’à « le vent fort éteignit la flamme de la lampe », la famille vit dans la tranquillité. Cependant, de cette phrase jusqu’à « lorsqu’il alluma la flamme de la lampe à huile », c’est tout le dénouement de l’histoire qui arrive avec les doutes, les conflits, la douleur, la mort. Après cette phrase, on peut considérer que la flamme, étant allumée, éclaircit la situation, la vérité apparaît, l’élément Duong revient.

Enfin, l’ombre, l’élément principal du merveilleux, appartient, pendant un instant, à la mère (« elle montra son ombre sur le mur en bambou ») mais, elle se personnifie et remplace le père jusqu’à l’arrivée du « vrai » père et, même un peu plus pour l’enfant qui ne reconnaît pas son véritable père.

Par la flamme, symbole de vie, la femme fait renaître son mari sur un mur de bambou. L’ombre passe ainsi de l’état d’une chose non palpable à une personne.


 

B.     La symbolique des éléments.

 

·         L’orage : c’est dans l’orage que se déploie l’action créatrice. Les êtres naissent du chaos dans un indescriptible bouleversement cosmique. C’est dans l’orage qu’apparaissent les grands commencements et les grandes fins d’époques historiques. Ainsi, dans le texte, l’orage a une influence sur la création de l’ombre.

·         Le vent : il est synonyme du souffle et, en conséquence de l’esprit. On peut supposer que, le père étant dans les hautes régions, lieu des esprits, c’est par ce vent que l’esprit du père vient se « réincarner » en l’ombre.

·         La lampe : elle est le support de la lumière et la lumière est la manifestation de la lampe. Dans le bouddhisme, la lampe est le symbole de la transmission de la vie, de la chaîne des renaissances. C’est par elle dans le texte que la flamme donne naissance à l’ombre. La lampe est une représentation de l’Homme ; comme lui, elle a un corps d’argile, une âme végétative ou principe de vie qui est l’huile, un esprit qui est la flamme.

·         L’ombre : c’est l’aspect du Âm opposé à l’aspect du Duong. Elle est d’une part ce qui s’oppose à la lumière et, d’autre part, l’image même des choses fugitives, irréelles et changeantes. L’ombre est considérée par beaucoup de peuples comme la seconde nature des êtres et des choses. Dans le texte, l’ombre n’est pas l’image projetée de la mère, mais plutôt la « réincarnation » du père. La mère qui vit toute seule avec son enfant doit à la fois jouer son propre rôle de mère mais, également celui du père. On retrouve donc ce rôle de père dans le rôle même de la mère.

 

 

III.           LE CULTE DES ANCÊTRES.

 

A.     L’expression du culte.

 

Le culte des ancêtres est fondé sur la croyance dans laquelle les ancêtres sont des membres actifs de la société et veillent sur le sort de leurs descendants. Il doit être assuré par le descendant le plus âgé de la branche la plus aînée du clan. On prête généralement aux ancêtres une grande autorité, les dotant du pouvoir d’infléchir le cours des événements ou, d’assurer le bien être de leurs descendants. La protection de la famille est un de leurs principaux soucis. Prières et sacrifices sont les moyens par lesquels, les vivants sont censés pouvoir communiquer avec leurs ancêtres.

Concernant le texte lui-même, nous pouvons relever, dans un premier temps, un champs lexical très dense du culte : « s’inclina », « joindre ses deux mains », « saluant en croisant des bras », « rendre grâce », « plateau d’offrandes », « autel », « édifier », « stèle ».

Au début du texte, il s’agit plus précisément de l’apprentissage, à l’enfant, du culte du père. La mère enseigne à son enfant les gestes et les actes à accomplir pour célébrer ce culte.

D’autre part, quand la mère s’incline devant la lampe pour projeter son ombre, non seulement elle apprend à l’enfant à honorer son père (en s’inclinant) mais, en plus, elle rend elle-même grâce à son mari par devoir ou peut-être par culte.

La deuxième expression du culte se fait par le père à son retour où, devant l’autel des ancêtres de la famille, il remercie ses ancêtres de l’avoir protégé. Les offrandes sont en plus associées aux prières. En effet, dans ce culte, les offrandes des hommes interviennent comme condition indispensable du bonheur des âmes. D’autre part, on peut préciser que le mari refuse que sa femme célèbre les ancêtres car elle a été, selon lui, infidèle donc indigne de se présenter devant eux et de faire toute seule ce culte.

On peut voir une troisième expression du culte quand le mari édifie un autel pour le salut de sa femme. En effet, par le suicide, elle est devenue une âme errante et, sachant que les âmes errantes ne reposent pas en paix et peuvent perturber la famille, le mari se doit d’honorer sa femme ainsi que d’entretenir sa tombe symbolisée par l’autel.

Enfin, la quatrième expression du culte se fait avec la stèle élevée par les gens de la région, ils ne font plus alors le culte des ancêtres mais, un culte envers une divinité, d’un génie du village, le culte de la femme fidèle. En effet, à la fin du texte, Lê Thai Tôn, en composant son poème, sacralise en tant que souverain de pouvoir divin, cette femme d’une fidélité exemplaire. D’ailleurs, il faut noter que dans le Viêt-Nam traditionnel, dans les villages, beaucoup de cultes sont dédiés envers des divinités ou des génies tutélaires du village.


B.     La piété filiale.

 

Le culte des ancêtres a comme fondement moral la piété filiale. Les enfants doivent aimer et honorer leurs parents après leur mort comme de leur vivant. Leur grande preuve d’attachement est de suivre l’exemple de leur père défunt et de respecter l’ordre et les usages qu’il a établis dans la famille.

La piété filiale est considérée, par les peuples de culture confucéenne, comme une grande vertu et le premier devoir de l’homme. Manquer d’honorer la mémoire de ses ancêtres est considérée comme un grave cas d’impiété filiale.

Dans le texte, la piété filiale apparaît, tout d’abord, dans les gestes accomplis par l’enfant pour saluer et honorer son père (rappelons que c’est la mère, et non le père, qui a enseigné les gestes à l’enfant).

Ensuite, c’est le père qui, en célébrant ses ancêtres, fait acte de piété filiale.

Enfin, lorsque l’enfant refuse de reconnaître Truong comme son véritable père, il fait preuve de piété envers l’ombre (qu’il croit comme son père) mais, par contre, d’impiété envers son père.

 

IV.            CONCLUSION.

 

Nous constatons tout au long du texte, une symétrie centrale (qui inverse les choses). En effet, au début, nous avons l’absence du père & la présence de la mère, alors qu’à la fin, nous avons l’absence de la mère & la présence du père auprès de l’enfant. D’autre part, la mère remplissait les rôles du père et, à la fin, c’est le père qui remplit le rôle de la mère (fidélité, éducation et élever les enfants).

Le culte des ancêtres révèle la valeur accordée à la famille et aux liens établis entre le passé et le présent. Les croyances et les pratiques attachées à ce culte permettent de renforcer la famille, de valider la structure politique traditionnelle et d’encourager le respect des anciens encore vivants.

En dernier point, on peut supposer que cette histoire a véritablement existé, d’une part, parce qu’on ne trouve pas d’éléments surnaturels et, d’autre part, par le poème du roi Lê Thai Tôn qui rend hommage à la femme.

Cette histoire est le symbole de la fidélité et de la confiance entre époux et, entre parents et enfants.


BIBLIOGRAPHIE.

 

 

¨       Légendes des terres sereines, Pham Duy Kiêm.

¨       Dictionnaire des symboles, J.Chevalier et Alain Gheerbrant.

¨       La littérature orale et populaire du Viêt-nam, Vo Thu Tinh.

¨       Contes populaires du Viêt-nam d’autrefois, P.Florent Zucchelli.

¨       Encyclopédie Microsoftâ Encartaâ 97.ã 1993-1996 , Microsoft Corporation.

¨      Anthologie de la littérature populaire au Viêt-nam, F.Corrèze et Hßu Ng÷c.

¨       Viêt Nam vån h÷c thoàn thß.