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Le cinéma
vietnamien
Introduction
Les
débuts d’un cinéma de guerre et d’un cinéma politique
Vers
la fin des conflits et vers un cinéma de la réunification
Les
années 90 ou un cinéma qui essaye de changer
1996
ou les débuts d’un cinéma de troisième génération
Cinéma vietnamien d’outre-mer : Tran
Anh Hung et sa trilogie
Conclusion
Bibliographie
INTRODUCTION
Le
cinéma vietnamien est né avec la première équipe mobile qui, le 2 septembre
1945, filme H°
Chí Mình proclamant l’indépendance de la République Démocratique du Viet Nam
place Bà Dinh à Hà Nµi. Depuis, le cinéma s’est formé et développé
dans le creuset de deux guerres : de 1945-1954 puis de 1965 à 1975. Nous
verrons d’abord ce qu’a été le cinéma vietnamien de guerre, puis le cinéma
de la réunification, et enfin, les débuts du cinéma moderne vietnamien.
I.
Les débuts d’un cinéma de guerre et
d’un cinéma politique.
Les
pionniers ont débuté avec une vieille caméra de 16 mm et quelques centaines
de mètres de film. Dans
le sud, le développement de film se faisait dans des conditions
invraisemblables, parfois même dans des jarres. On travaillait souvent dans une
barque qui s’approchait des villes occupées pour se procurer clandestinement
de la glace si précieuse. Ainsi,
tandis que dans le sud le premier noyau de cinéma de résistance se constituait
dans des conditions extrêmement précaires, le Nord était déjà en mesure
d’offrir les premiers documentaires : La
bataille des frontières (1950), Le
Viet Nam combattant (1952), ce
dernier tourné avec l’assistance de la Chine, La
victoire de Diên Bien Phu (1954), signé
de quatre auteurs opérateurs, Le Viet Nam
sur la voie de la victoire, avec la collaboration de cinéastes soviétiques. C’est
dans les années 1953-1956 que remontent respectivement la signature du premier
décret organisant l’industrie cinématographique et la création du premier
studio. Avec l’aide technique des pays socialistes, le cinéma vietnamien a réalisé
des progrès après 1954. Le
cinéma a contribué efficacement à l’édification du socialisme et à la
lutte pour la réunification nationale. Les documents typiques de cette époque
sont : Contre la sécheresse, Retour
à Diên Bien Phu, Les eaux arrivent
dans le Bac Hung Hai, sous le toit des
nouvelles écoles. L’année
1959 fut marquée par l’apparition du premier appareil vietnamien et par la
sortie du premier film de fiction Un même
fleuve baigne nos rives, long métrage réalisé par deux metteurs en scène,
suivant une habitude qui se perpétuera par la suite, et racontent l’histoire
d’un jeune couple séparé par la division du pays, la lutte pour la réunification
nationale a trouvé un reflet fidèle dans ce premier film de mise en scène. D’autres
ont suivi, avec des sujets tirés de la résistance contre le colonialisme français :
Feu de seconde ligne, Le
serein, Les époux A Phu, La jeune
femme de Bai Sao, Le petit Kim Dong,
Le jeune combattant. La
production s’étendit également aux dessins animés en 1960, et une revue spécialisée
vit le jour, tandis que l’Institut du Cinéma décernant chaque année des
diplômes à une centaine d’élèves dans les différentes branches techniques
et artistiques. Le
cinéma vietnamien devait bénéficier d’une aide considérable de la part de
Joris Ivens, qui réalisa en 1965 Le Ciel
et la Terre et en 1968, Le 17e
parallèle. Dans
le Sud, au temps de l’occupation américaine, les metteurs en scène
clandestins s’inspireront soit des traditions du cinéma militant sous les
français, soit des films produits dans le Nord et fondèrent le groupe Giäi-phòng
(libération)
qui a tourné des dizaines de bandes d’actualités. Les cinéastes du Sud
rapportent des témoignages précieux sur les combats et la vie dans les zones
libérées. Au
Nord, à cette même période, les actualités et les documentaires prédominent ;
les cinéastes offrent des images, et des témoignages du combat ainsi que de la
production. Tous les autres genres de film continuent à être produit, y
compris les films de vulgarisation scientifique qui ont aidé à l’économie
de guerre (technique de repiquage, culture de l’azolle, …) à l’entraînement. Sous
les bombes, les studios du Nord ont sorti pendant ces deux périodes de
1965-1968 et 1969-1973 respectivement : 259 et 204 films d’actualité,
184 et 123 documentaires, 16 et 20 films de mise en scène, 12 et 15 films
d’animation (dessins animés, poupées, et papiers découpés), 83 et 58 films
de vulgarisation scientifique et technique. Sous
les bombes américaines, les projections se poursuivaient dans les régions les
plus éprouvées et même sous terre. On employait des générateurs électriques,
des lampes à acétylène, et des appareils à manivelle. 600 équipes mobiles
ont fait de longues randonnées en camion, en barque, à pied au devant des
spectateurs : soldats dans les tranchés, ouvriers dans les usines évacuées,
paysans, jeunes volontaires civils au front, pêcheurs… Parmi
les films de fiction nordistes et présentés dans les festivals internationaux,
on peut citer Les mariés de Phu
(1961) qui a pour cadre une minorité du Viêt-Nam, Fumée
blanche (1963) traitant du conflit entre un ouvrier et un directeur
d’usine, Le village flottant (1964)
qui décrit la lutte contre les inondations, Les
femmes de Nghê Tinh (1965), film ballet en couleur et à thème révolutionnaire,
Nguyên Van Trôi (1966) qui présente
le sacrifice du héros national vietnamien évoqué par sa femme veuve (Nguyên
Van Trôi : arrêté après avoir commis un attentat contre le secrétaire
d’Etat à la Défense américain, Robert McNamara ce jeune électricien de
Saigon tenta de s’évader ; repris et conduit blessé devant le peloton
d’exécution, il devint le symbole de la résistance vietnamienne).
Vers la fin des conflits et vers un cinéma
de la réunification.
Au
premier Festival de 1970 tenu au Nord, ont été décerné 16 Lotus d’Or à 8
documentaires, 2 films d’actualité spéciale, 3 films de fiction (Nguyên
Van Trôi, Le jeune combattant,
La tempête se lève) et 2 films d’animation (Le
chaton, Le merle parfait). Au
deuxième Festival National, également tenu dans le Nord en 1973, le Lotus d’Or
a été accordé entre autres à quatre documentaires et reportages de guerres :
Le bastion d’Airin de Vinh Linh,
La bataille de la route, Les jeunes
milicienne-artilleurs de Ngu Thuy,
Nous pensons à l’oncle Hô ; et à deux films de fiction : La
route du village natal, Les époux Luc. Le
troisième Festival National marque la réunification du pays. Tenu en 1977 dans
un Saigon aux mains des bô dôi, il a attribué le Lotus d’Or au film de
fiction Etoile d’Août et aux documentaires La victoire historique du printemps 1975 et Aurore sur la ville. Le
cinquième Festival National de 1980 a accordé le Lotus d’Or à 3 films de
fiction : Les champs désertiques,
Ceux déjà rencontrés, Quand
maman est absente. Le
sixième Festival National de 1983 remet le Lotus d’Or à deux films de
fiction : La ville à portée de la main,
Retour au pays des vents et du sable ; et à 3 documentaires : Liaison
sur le fleuve Da, Etape glorieuse de
la Révolution, Affrontement
historique. Depuis
la réunification, Hà Nµi et Sài Gòn sont restées les deux pôles principaux de la production cinématographique
vietnamienne, qui demeure modeste et fait appel à des acteurs de théâtre ou
des interprêtes pris dans la rue. Plus
d’un spectateur ou critique étranger est sensible au lyrisme qui baigne le
film vietnamien. Décernant le prix spécial du jury au film Le
serein, le Festival de Karlovy Vary de 1962 a émis ce jugement :
« il condense toute la beauté du paysage vietnamien et de la vie du
peuple, une vie pleine de poésie ».
Les années 90 ou un cinéma qui essaye
de changer…
Après
l’avalanche des films (cinéma et vidéo) de l’étranger au cours des années
1986-1989, le cinéma vietnamien s’est ressaisi en 1990 pour essayer de récupérer
les spectateurs déserteurs. Le grand public restait friand des pellicules étrangères
(Hong Kong et autres), qui prônaient le sexe et la violence. Certains des réalisateurs
vietnamiens exploitent les tendances vulgaires, multiplient les séquences
d’arts martiaux, de nus, de larmes faciles ; d’autres, par réaction,
prônaient le retour aux sources, à la tradition nationale à tout prix. Les
films exploitant le rire du peuple, tels que: B¶m, Cuµi,
TrÕng sont
des étincelles encourageantes mais ils relèvent d’un autre langage. En 1990,
est apparu le genre film historique romancé
comme par exemple : Ðêm hµi Long Trì
(Nuit
de fête à Long Tri) réalisé par Hai Ninh, KÏ
tich núi Bà Ðen (épopée de Ba Den) et les films de Ly HuÏnh père et
fils tels
que : Løa cháy thành ÐÕi La
(La citadelle Dai La en flamme) et Thång
Long ðê nh¤t kiªm (La plus fine lame de la capitale) offrent des séquences
de démonstration d¢arts
martiaux (les arts martiaux font partie de l’héritage culturel vietnamien, ils se pratiquaient
dans les fêtes printanières des villages). Ces
œuvres portent sur la richesse du patrimoine et sur l’identité vietnamienne. Le
Festival des films de 1990 n’a malheureusement pas suscité de grands échos
car le milieu cinématographique était confronté à des problèmes d’ordre
pratique préoccupants. Le champ de distraction est alors plus grand, il est
bien passé le temps où l’on s’attachait uniquement à un seul livre ou à
un film mais, cela pousse alors, et c’est tant mieux, le cinéma vietnamien à
se diversifier. Remarquons,
par ailleurs, que les films récompensés à ce Festival de 1990 traitent des
films sociaux et font l’objet de contestation : Tß¾ng
v« hßu (Le général à la retraite) adapté de la
nouvelle de Nguyên Huy Thi®p et mis en scène par Nguyên Khác Lµi, Kiªp Phù Du (Destin d’éphémère) de Hai Ninh, Gánh
xiªc rong (Le cirque ambulant) de Vi®t Linh.
Cette dernière œuvre aurait été mise au rencard pendant plusieurs années. En
1994, le cinéma vietnamien a reçu des prix aux Festivals Internationaux. Le réalisateur
Lê
MÕnh Thích a
enlevé avec les flots de la rivière des
Parfums, un des trois prix des meilleurs scénarii parmi les 138 candidats
de la région Asie Pacifique (concours organisé par le fond japonais de
tradition culturelle Hoso-Bunka). Le
film de fiction de Vß½ng
ÐÑc, les
joncs, a remporté le prix de la Torche d’Or au Festival de Pinyang tandis
que ÐÕng Nh§t
Minh a reçu
avec le retour, le prix spécial du
Festival Asie Pacifique. Trois
des treize films de la production vietnamienne de 1994 (13 films, 5
documentaires, et une 10aine d’animation) traitent de la guerre. Les fleurs de « ban » rouges
(réalisé par BÕch
Di®p assistante
de Schoenderffer dans Ði®n Biên Phü) est le
premier film de fiction vietnamien sur Ði®n Biên Phü.
Il présente les destins différents des combattants vietnamiens dans le
contexte de la guerre contre les français. Il a été tourné à l’occasion
du 40ème anniversaire de cette célèbre bataille et du 50ème
anniversaire de l’Armée populaire du Vietnam. A la recherche du passé (réalisé par Tr¥n Phß½ng et
T¤t Bình) qui
évoque les dures conditions de la guerre américaine, les exemples d’abnégation
et de courage ainsi que les scène de lâcheté et de désertion. il dépeint la
vie complexe d’après guerre et oppose des vétérans qui ont conservé leur
dignité et leur optimisme à ceux qui se laissent corrompre par la course à
l’argent et aux honneurs. L’instrument de musique « l£c c¥m »
(réalisé
par Nguyn
Hßu Luy®n) décrit
l’amour de deux personnes vivant dans deux camps opposés. Quelques
films soulèvent des drames familiaux dans un contexte social bouleversant. Les larmes de HÕ
Long (Nguyn Hßu Ph¥n et Phi Tiªn S½n)
a un rapport avec le conflit frontalier sino-vietnamien de 1979 ; le retour de ÐÕng Nh§t Minh, raconte l’histoire de la faillite d’un jeune
couple face à l’ouragan du marché libre, la jeune femme revient à une vie où
la dignité et le sentiment véritable trouvent leur place ; Battements
du cœur, nous fait connaître la vie des pauvres citadins dans une maison
commune, où l’on trouve une vie pleine de misère mais aussi de communion
humaine. Le visiteur venant du patelin, réalisé par
ÐÑc Hoàn, et Le lopin de terre attachant,
réalisé par Nguyn Vinh S½n, remettent en scène le paysan, personnage absent
pendant quelques années. D’autres
films de fiction servent surtout à divertir le spectateur peu exigeant. Les
longs métrages de 1994 ont été financés par l’Etat (par des ministères ou
des organisations populaires) ou soit par des particuliers (capital privé). Par
contre, tous les documentaires ont reçu des fonds de l’Etat, comme par
exemple Souvenirs de Ði®n Biên Phü (avec
des témoignages de 2nde classe jusqu’à Võ Nguyên Giáp),
les anciennes rues de
Hà Nµi , Les
aspirations de Yali.
IV.
1996 ou les débuts d’un cinéma de
troisième génération.
En
novembre 1996 a eu lieu le XIème Festival du film vietnamien. Les
films Les fleurs du ciel (Hoa
cüa tr¶ì) de в
Minh Tu¤n, L’eucalyptus
anonyme (Cây
bÕch ðàn vô danh)
de Thanh Vân, Se libérer de la guigne (Giäi
hÕn) de Vû
Xuân Hßng et poussière
rose (Bøi
h°ng)de H°
Quang Minh se
partagent les quatre Lotus d’Argent du Festival. Aucun n’a obtenu le Lotus
d’Or. Notons que les réalisateurs des trois premiers films ont moins de 40
ans et appartiennent à la troisième génération des cinéastes vietnamiens. En
décembre, s’est tenu à Hà
Nµi, le IIIème
Festival International du Film. Parmi les films envoyés au Festival par 22
ambassades, plusieurs ont reçu des prix. Dans
l’ensemble, les films de fiction de 1996 traitent essentiellement des deux
guerres de résistance nationale. Ils dépeignent les pertes et les souffrances
des morts et des vivants, l’amour de la vie et la volonté de combattre pour
une vie meilleure. On trouve : la
romance nocturne (Bän
tình ca trong ðêm) de Nguyn Hæu Ph½n, La
saison des chrysanthèmes (Mùa
hoa cúc quý) de Hä Ninh, Se libérer de la guigne, La
fuite (Bö tr¯n) de PhÕn Nhu® Giang,
Hiver 1946 (Mùa Ðông nåm 1946)
de ÐÕng
Nh§t Minh qui
nous raconte les premiers jours du gouvernement révolutionnaire avec le président
H° Chí Mình comme héros principal, Le
tranchant du couteau (LßÞi dao) de Lê Hoàng,
Le serment (L¶ì th«) de Nguyn T߶ng Phßþng,
A travers mille lieux (Ai
xuôi vÕn lý) de
Lê Hoàng, Poussière rose de
l’auteur suisse d’origine vietnamienne H° Quang Minh qui nous présente alors trois destins :
ceux de la sœur (une bonzesse ancienne odalisque de la cour des Nguyn
), de deux frères
servant deux causes opposées, Les beaux
jours (Nhæng ngày tháng ð©p) par nguyn Ng÷c
Trung et Tr¥n Vû,
évoque le début de l’indépendance nationale suite à la défaite française
au Vietnam. L’unique
film comique de cette année aura été la
femme sans enfants (Ng߶ì ðàn bà không con) de Bùi C߶ng. Ce
qui a différé des autres années, c’est que tous les films relèvent du
Ministère de la Culture. La recherche du public reste toujours un défit pour
le réalisateur qui doit opérer dans un cinéma touché par la dislocation du réseau
des salles de spectacle. D’ailleurs,
dans le but d’assurer une production suffisante et de créer des emplois pour
des artistes et techniciens, les studios (Giäi Phóng, et Studio I de Hà Nµi,
Studio des documentaires scientifiques) produisent, en supplément, quelques films vidéos, depuis quelques
temps.
V.
2000 serait-elle l’année du court métrage Vietnamien ?
Phim ng¾n - mét híng ®i míi cña ®iÖn ¶nh ViÖt
Nam? Phim ng¾n lµ lo¹i h×nh quen thuéc cña ®iÖn ¶nh
chuyªn nghiÖp thÕ giíi, ®Æc biÖt rÊt phæ biÕn t¹i ch©u ¢u. N¨m n¨m
trë l¹i ®©y, ®· cã kho¶ng h¬n 15.000 bé phim ng¾n (kh«ng kÓ phim
video) ®îc thùc hiÖn trªn toµn thÕ giíi. H»ng n¨m trªn thÕ giíi
cã kho¶ng mêi liªn hoan phim quèc tÕ (LHPQT) chuyªn vÒ phim ng¾n mµ
LHPQT Clemont (Ph¸p) lµ mét trong nh÷ng liªn hoan phim ng¾n hµng ®Çu.
N¨m 1999, liªn hoan phim nµy ®· quy tô ®îc kho¶ng 125.000 ngêi
xem vµ 2.300 nhµ chuyªn nghiÖp tõ kh¾p c¸c ch©u lôc tíi tham dù. N¨m
2000 còng lµ n¨m thø t «ng Ti-n«-tª ®¬ Ph«ng-ben, Chñ tÞch LHPQT
Clª-m«ng Ph¬-r¨ng, sang th¨m ViÖt Nam víi hµnh trang lµ mét chïm chÝn
bé phim ng¾n rÊt ®a d¹ng c¶ vÒ thÓ lo¹i (kinh dÞ, hµi, hiÖn thùc,
siªu thùc...) vµ phong c¸ch thÓ hiÖn (ho¹t h×nh, truyÖn...) bao gåm
Nh÷ng ngêi ®µn «ng víi ®«i tÊt dµi (9 phót), Di c (4 phót), Gi«
vµ Gian-nÐt (8 phót), Ngêi ®µn «ng cã c¸nh tay lñng l¼ng (4 phót),
Ma-d¬ (8 phót), Dän dÑp (11 phót), TrËn cuång phong cña biÓn (13 phót),
§ªm lÔ héi tuyÖt vêi (28 phót), N¬i tËn cïng thÕ giíi (8 phót). Còng
nh nh÷ng lÇn tríc, «ng rÊt nhiÖt thµnh qu¶ng c¸o cho liªn hoan
phim ®ång thêi khuyÕn khÝch tèi ®a c¸c nhµ lµm phim ViÖt Nam göi
phim tham dù víi nh÷ng yªu cÇu cùc kú ®¬n gi¶n: Thêi lîng phim díi
40 phót, ®îc s¶n xuÊt trªn chÊt liÖu phim nhùa (hoÆc 16 mm, hoÆc
35 mm). ThÕ nhng rÊt tiÕc, tõ ngµy Êy ®Õn nay, cha cã
mét bé phim ng¾n nµo cña ViÖt Nam tíi ®îc thµnh phè nhá nµy. Lý
do? NÕu coi phim ng¾n lµ nh÷ng bé phim cã dung lîng díi 40 phót
th× hÇu hÕt nh÷ng bé phim tµi liÖu vµ ho¹t h×nh mµ chóng ta ®·,
®ang vµ sÏ s¶n xuÊt ®Òu ®¹t tiªu chuÈn. ThÕ nhng, coi phim ng¾n
lµ ph¬ng tiÖn thÓ nghiÖm nh÷ng s¸ng t¹o, t×m tßi, nh÷ng bíc c¸ch
t©n, ®ét ph¸ trong c¸ch thÓ hiÖn th× ®ã vÉn cßn lµ mét ®iÒu rÊt
míi mÎ ®èi víi c¸c nhµ lµm phim ViÖt Nam. Trong thÓ lo¹i nµy, ngêi
nghÖ sÜ cã thÓ tËn dông mét c¸ch s¸ng t¹o vµ hiÖu qu¶ nhÊt, tÊt
c¶ c¸c thÕ m¹nh cña ng«n ng÷ ®iÖn ¶nh. Muèn vËy, mçi h×nh ¶nh,
hµnh ®éng, thËm chÝ mÇu s¾c ph¶i ®îc chän lùa thËt kü, thËt
®¾t sao cho kh«ng cã nh÷ng chi tiÕt thõa, nh÷ng h×nh ¶nh v« nghÜa
hoÆc v« c¶m trong phim. Víi rÊt nhiÒu nghÖ sÜ næi tiÕng trªn thÕ giíi,
phim ng¾n lµ sù khëi ®Çu cho qu¸ tr×nh s¸ng t¸c ®iÖn ¶nh, lµ ®iÓm
b¾t ®Çu sù nghiÖp cña m×nh. C¸c ®¹o diÔn trÎ kh«ng ph¶i lµ ®èi
tîng ®Ó c¸c h·ng s¶n xuÊt tÝn nhiÖm giao cho nh÷ng bé phim lín.
Hä chØ cã thÓ kªu gäi ®îc nh÷ng kho¶n tiÒn tµi trî nhá cña c¸c
h·ng phim ®éc lËp, ®«i khi lµ kinh phÝ cña c¸c ®µi truyÒn h×nh.
Kho¶n tiÒn nµy chØ ®ñ ®Ó lµm nh÷ng bé phim ng¾n, nh÷ng phim lµm
ra kh«ng víi môc ®Ých kinh doanh mµ thêng t×m c«ng chóng cña m×nh
t¹i c¸c LHPQT hay qua c¸c kªnh truyÒn h×nh. Søc Ðp cña c¸c nhµ s¶n
xuÊt vÒ hiÖu qu¶ th¬ng m¹i gÇn nh b»ng kh«ng, c¸i ngêi ta
quan t©m nhÊt trong mét bé phim lµ tÝnh s¸ng t¹o, lµ hiÖu qu¶ nghÖ
thuËt. §iÒu nµy t¹o nªn sù giµu cã v« tËn cña thÕ giíi ng«n ng÷
®iÖn ¶nh. Qua nh÷ng bé phim ng¾n Êy, ngêi ta biÕt ®îc kh¶ n¨ng
cña c¸c thµnh phÇn lµm phim, ®ång thêi ®ã lµ c¸ch mµ ®¹o diÔn
kh¼ng ®Þnh m×nh víi vai trß t¸c gi¶. Phim ng¾n ®· trë thµnh nh÷ng
tÊm giÊy th«ng hµnh ®a c¸c nhµ lµm phim trÎ ®Õn víi phim dµi, víi
®iÖn ¶nh ®Ých thùc. T¹i ViÖt Nam, quan t©m ®Õn c«ng viÖc s¸ng t¸c phim ng¾n cña c¸c nghÖ sÜ trÎ còng lµ mét viÖc lµm rÊt cÇn thiÕt. Tríc tiªn, bëi ®iÖn ¶nh cña ViÖt Nam nghÌo. Thø nh× lµ sè phim nhùa h»ng n¨m mµ mçi h·ng cã thÓ s¶n xuÊt hiÖn nay qu¸ thÊp (H·ng phim truyÖn 1 phim, H·ng phim tµi liÖu vµ khoa häc trung ¬ng 1-2 phim, H·ng phim ho¹t h×nh ViÖt Nam 4-5 phim). Víi kho¶n tiÒn ®Ó lµm phim dµi, chóng ta cã thÓ lµm ®îc nhiÒu phim ng¾n. §iÒu quan träng h¬n lµ phim ng¾n cã thÓ thay ®æi lèi mßn trong t duy s¸ng t¹o cña c¸c nghÖ sÜ. Mét bé phim ng¾n, th«ng thêng tõ 10-20 phót, kh«ng cã chç cho nh÷ng h×nh ¶nh v« nghÜa, nh÷ng lêi kÓ lÓ dµi dßng. B¾t tay vµo lµm mét bé phim ng¾n cã nghÜa lµ b¾t tay vµo chÆng ®êng s¸ng t¹o, b¾t tay vµo mét cuéc thÓ nghiÖm ®Ó t×m ra c¸i míi, c¸i ®éc ®¸o trong thÓ hiÖn, c¸i tinh tÕ trong c¸ch nghÜ. Lµm giµu ng«n ng÷ ®iÖn ¶nh vµ ®em l¹i nh÷ng c¶m xóc thÈm mü phong phó cho ngêi xem. Cïng
®i víi «ng Ti-n«-tª ®¬ Ph«ng-ben sang ViÖt Nam lÇn nµy cã ®¹o diÔn
trÎ Gi¨ng Rót-x¬-l«, ngêi võa ®o¹t gi¶i GÊu vµng dµnh cho phim
ng¾n t¹i LHPQT Berlin, vµ «ng CrÝt-chi-ti-an §Ðc-ni-ª. Nh÷ng nhµ ®iÖn
¶nh Ph¸p ®· cã cuéc trao ®æi cëi më vµ rÊt thó vÞ víi nh÷ng ngêi
lµm ®iÖn ¶nh ViÖt Nam vèn quan t©m ®Õn thÓ lo¹i phim ng¾n. Trong
buæi täa ®µm, nh÷ng ®Æc thï, ®iÓm m¹nh cña thÓ lo¹i phim ng¾n còng
nh híng ph¸t triÓn cña nã t¹i ViÖt Nam lµ vÊn ®Ò ®îc quan t©m
nhÊt. ¤ng TrÇn ThÕ D©n, Phã côc trëng ®iÖn ¶nh ViÖt Nam, còng
®· th«ng b¸o vÒ mét liªn hoan phim ng¾n dµnh cho nh÷ng nhµ lµm
phim ViÖt Nam dù ®Þnh tæ chøc vµo n¨m 2001. §©y còng lµ tiÒn ®Ò
®Ó lùa chän nh÷ng bé phim hay tham dù LHP ng¾n quèc tÕ. Mét "®Çu
ra" quan träng n÷a lµ ch¬ng tr×nh 100 phót trªn truyÒn h×nh sÏ
ph¸t sãng vµo c¸c chiÒu thø b¶y h»ng tuÇn.
VËy lµ sù quan t©m cña c¸c nhµ qu¶n lý ®· cã, liÖu phim ng¾n cã trë thµnh mét híng ®i míi cho nh÷ng ngêi lµm ®iÖn ¶nh ViÖt Nam? (VASC theo b¸o Nh©n d©n) T¹i Liªn hoan phim Cannes 2000 Cuèc xe ®ªm ®o¹t gi¶i ba dµnh cho phim ng¾n §©y lµ bé
phim ViÖt Nam võa míi dù Liªn hoan phim Cannes 2000 vµ ®o¹t gi¶i ba
ë thÓ lo¹i phim ng¾n. Th«ng qua nh©n vËt BÇn, mét chµng trai n«ng
th«n lÇn ®Çu ra Hµ Néi ®¹p xÝch l« kiÕm sèng, phim ®Æt ra vÊn
®Ò vÒ gi¸ trÞ ®¹o ®øc, gi¸ trÞ con ngêi ®ang dÇn mai mét
trong x· héi thêi kinh tÕ thÞ trêng qu¸ coi träng ®ång tiÒn. Cuèc
xe ®ªm lµ t¸c phÈm ®Çu tiªn mµ ®¹o diÔn trÎ Bïi Th¹c Chuyªn thùc
hiÖn trªn phim nhùa sau mét sè phim truyÒn h×nh næi tiÕng. Tham dù Liªn hoan Phim quèc tÕ Cannes - 2000
(tõ ngµy 10 ®Õn 21-5) ®èi víi Bïi Th¹c Chuyªn lµ chuyÖn kh«ng ngê.
Anh tong ®îc biÕt ®Õn qua mét sè phim truyÖn truyÒn h×nh nh:
12A4H, Bá vî. Nhng ë ®iÖn ¶nh, anh hoµn toµn lµ mét lÝnh míi. Cuèc
xe ®ªm lµ phim truyÖn nhùa ®Çu tay cña anh, dµi 20 phót. DÊu chÊm than vÒ th©n phËn con ngêi Phim b¾t ®Çu tõ mét ®ªm ma, BÇn - mét
ngêi ®¹p xÝch l« (NguyÔn Thanh Hng ®ãng) - nhËn ®îc mét hîp
®ång chë thuª tõ mét ngêi ®µn «ng bÝ hiÓm mµ anh cha hÒ quen
biÕt (Duy HËu ®ãng). RÊt do dù v× chØ míi ë quª lªn Hµ Néi ®¹p
xÝch l« ®îc vµi ngµy, cha thuéc ®êng ®i l¹i, nhng råi sè
tiÒn bÐo bë ngêi ®µn «ng ®a ra ®· lµm BÇn hoa m¾t. Hä
®i qua nh÷ng ngâ nhá quanh co vµ rÊt khã nhí cña nh÷ng khu phè cæ.
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V.
Cinéma vietnamien d’outre-mer : Tran Anh Hung et sa trilogie. Diplômé de l’école Louis-Lumière, Tran Anh Hung commence sa carrière en 1989 avec un premier court-métrage, La Femme mariée de Nam Xuong, puis La Pierre de l’attente deux ans plus tard. Il retourne ensuite au Vietnam faire des repérages pour son premier long-métrage, L’Odeur de la papaye verte, l’histoire d’une jeune enfant engagée comme servante chez un couple bourgeois. Arrivé à Hô Chi Minh-Ville, il est fasciné : « J’ai été saisi par une sensation purement physique d’un rythme émanant de cette ville, d’une fatigue extrême de la population, comme une exténuation. » Aussi exigeant du point de vue narratif que stylistique (selon lui, « le cinéma a besoin d'un style, d'une écriture, on doit creuser un sillon pour apporter de nouvelles émotions »), ce premier long-métrage est une réussite totale, qui connaît les faveurs du public et celle des professionnels. L’Odeur de la papaye verte décroche La Caméra d’or à Cannes en 1993, le César 1994 de la Meilleure Première Œuvre et obtient une nomination aux Oscars du meilleur film étranger. Pour
Cyclo, son deuxième film, Tran Anh Hung retourne au Vietnam et débauche la
star de Hong Kong Tony Leung Chiu Wai (Une balle dans la tête de John Woo).
Entre un jeune cyclo (Le Van Loc) poussé au crime par la misère et un chef
de gang appelé « Le Poète » (Leung), se noue une étrange relation de
crainte et d’admiration confondues. Sombre et violent, ce « thriller poétique
» déroute le public. Le metteur en scène attendra cinq ans pour revenir
derrière la caméra. Entre-temps, il participe activement à de nombreux
festivals, signe un livre chez Actes Sud : Un peu de lumière pour
chacun…
A la verticale de l’été, né du désir de
réunir trois comédiennes qu’il admire, permet à Tran Anh Hung de revenir
au premier plan, au cœur même de la tempête, puisque le film a été sélectionné
pour la section « Un certain regard ». A l'occasion de l'anniversaire de la mort de leur mère,
trois sœurs et leur frère se réunissent chez l’aînée, Quynh, propriétaire
d’un café. Ensemble, ils partagent une grande complicité. Mais derrière
cette harmonie se cache un lourd secret. Voilà, en résumé, le sujet de A la
verticale de l’été, le nouveau long-métrage de Tran Anh Hung. L’odeur de la papaye verte
Mùi, une petite paysanne de dix ans quitte
les siens pour la ville, où elle est placée comme servante dans une famille.
Très
vite, elle découvre, grâce à la vieille servante Ti, le drame de cette
famille, régulièrement abandonnée par un père volage. Mais alors que la
vieille Ti raconte cette histoire à Mùi, le père vient de nouveau de
quitter les siens, en emportant avec lui les économies de la famille. Réprimant
son désespoir, la mère pourvoit courageusement à la
subsistance de ses trois enfants, Tri, no.,
Lam et Tin. Mais le commerce de tissus suffit à peine à les faire vivre.
Tout en assumant sa lourde tâche de servante, Mùi doit aussi subir les
mauvais tours que lui joue le cadet, Tin. Mais la vie secrète de Mùi, c'est
Khuyên, l'ami de Trung qui passe de temps à autre à la maison. Avec toute
l'innocence de son âge, elle ressent une affection spontanée pour ce jeune
homme qui la fascine.
Dix ans plus tard, la petite servante est
devenue une belle jeune femme à la grâce sauvage. Sous la pression de sa
belle-fille, la mère doit congédier Mùi, qu'elle considérait pourtant
comme sa propre fille. Mùi ira servir Khuyên, l'homme inaccessible qu'elle a
toujours aimé en secret. Un couple va se former. La servitude et l'amour se mêlent
inextricablement. Une nouvelle vie commence alors pour Mùi, qui aborde l'étape
la plus lumineuse d'une vie de femme traditionnelle vietnamienne.
Cyclo Cyclo
dans l'oeil du cyclone
Entretien Tran Anh Hung Dans la réalité sociale du Viêt-nam d'aujourd'hui un jeune cyclo rêve de réussite. Ce rêve l'entraîne dans un violent parcours initiatique où le culte des ancêtres laisse la place au culte du dieu dollar. Le film met la guerre entre parenthèses. Il dévoile la difficile mutation d'un peuple, et sa tentative de résurrection. "Cyclo" a reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise. Le jeune réalisateur parle de fiction et de poésie... Dans votre second long métrage
le regard que vous portez sur le Viêt-nam semble rompre avec un long
silence... Le cinéma vietnamien n'a pas encore les moyens de son expression. Après
"L'Odeur De La Papaye Verte", film dans lequel je traitais de
l'harmonie, j'ai éprouvé le sentiment que je ne pouvais m'en tenir à ce
seul regard. Je me devais de rendre compte d'une autre facette du Viêt-nam,
c'est pourquoi "Cyclo" est un film qui aborde la rupture. Dans "L'Odeur De La
Papaye Verte" la caméra effleure, dans "Cyclo" elle percute... Avec "Cyclo" je me situe délibérément loin de l'exotisme. La
toile de fond sensuelle observée par les personnages de "L'Odeur De La
Papaye Verte" se déchire. Le tourbillon des rues de Hô Chi Minh-Ville
couvre les frémissements de la cuisine vietnamienne, mais dans la vie de tous
les jours ces deux aspects coexistent. Au départ, je voulais explorer la
relation père-fils, ce devait être le sujet principal du film. Une fois sur
place, c'est devenu l'innocence menacée ; le rapport père-fils reste présent
mais secondaire. Le lourd héritage du Viêt-nam
n'était-il pas déjà venu à bout de l'innocence de son peuple ? Je ne crois pas, ce n'est pas une guerre qui vient à bout de l'innocence. En revanche, lorsque vous vous tuez au travail, comme le cyclo, pour gagner douze francs par jour sans aucune perspective d'un avenir meilleur, si on vous propose 500$ pour la virginité de votre enfant, vous commencez à réfléchir. Dans le film, l'omniprésence
de l'argent peut être associée à la souffrance. Est-ce une volonté de dénonciation? Non, je n'ai aucune foi dans la capacité d'une oeuvre à changer le cours des choses. Je ne cherche pas à dénoncer, je ne fais que montrer. A la fin du film, le plan
sur le complexe touristique est pourtant sans équivoque... Pour moi toutes les images doivent porter un sens, en l'occurrence pour ce
plan, l'image dit la réalité. Les touristes jouent au tennis sur un terrain
aménagé en terrasse, insouciants, ils ne sont pas en contact avec ce qui se
passe en bas. Puis nous passons au rapport à la réalité sociale en plongée.
La caméra montre les rues grouillantes de la ville où l'on retrouve le cyclo.
Il reprend son métier. Il se faufile dans les encombrements de la
circulation. La voie de son parcours est loin d'être dégagée. Pensez-vous que la culture reprendra ses droits après
la mutation que vit votre pays ? Il n'y a pas de succession, ce sont des choses qui existent simultanément.
La culture poursuit son histoire, tandis que la frénésie vers la
consommation est une étape passagère. Certaines scènes de "Cyclo" sont violentes, mais le souffle
de violence réel, lui, ne s'exhibe pas : avez-vous le sentiment d'avoir
exploré un genre inédit en vous attachant à la violence des âmes ?
En général, le cinéma
travaille toujours les mêmes sillons de sentiments. Le cinéma américain en
donne une illustration parfaite. On met en image des histoires et des
personnages interchangeables que l'on plaque sur une trame émotionnelle
uniforme, avec quelques variations dans les dénouements pour surprendre le
spectateur. J'ai une autre idée du cinéma. Elle me dit que quelque part, un
film doit permettre au spectateur de renaître. Cette idée me pousse à
prendre des risques. Avec "Cyclo" j'ai cherché à pointer la
rupture profonde vécue par certains jeunes vietnamiens. Le personnage du poète
par exemple, se porte comme martyre conscient. Pour lui, il n'y a pas de
solution. En même temps, il ne faut pas perdre de vue que ce film se déroule
dans un environnement précis et généraliser son interprétation. Cela reste
une fiction. Quel rapport entretenez-vous avec la fiction ? La fiction me permet d'aller très loin... elle ouvre des portes à la poésie. L'esthétisme du récit semble vous préoccuper
d'avantage que le fil narratif ? Je me suis attaché au style. Il ne s'agit donc pas de l'esthétisme mais de
l'esthétique. Il y a plusieurs niveaux de lecture dans un film. Qu'est ce que
ça raconte ; de quoi ça parle ; et ce que ça dit. La narration est la chose
qui m'intéresse le moins... Propos
recueillis par Jean-Marie DINH Source La Lettre d'Hermès n° 12
A
la verticale de l’été Sélection officielle Cannes 2000
Il
est des titres mystérieux. Celui du dernier opus de Tran Anh Hung évoquerait-il
l'aplomb du soleil en plein été, la crudité de sa lumière ? Ce serait méconnaître
l'univers richement coloré du cinéaste vietnamien dont le premier long-métrage
L'Odeur de la papaye verte (caméra d'or au festival de Cannes 1993) avait révélé
sa fascination pour le monde sensible. Sensoriel, sensuel même, A la
verticale de l'été l'est certainement. Mais avec quelque chose de
fondamental en plus : la sensation aiguë d'un bonheur perdu et d'un temps
retrouvé. Si le cinéma est l'art du temps, Tran anh hung nous en donne ici
la preuve par cette pure dialectique. Contrairement aux occidentaux qui n'en
retiennent que la partie négative (pesanteur, monotonie, fatalité), cet épicurien
de l'image nous entraîne avec obstination dans une progression dynamique du
temps. Cinq fois, nous assistons au réveil ritualisé de Lien (l'actrice fétiche
Tran Nu Yen Khe, la perfection incarnée) et de son frère aîné Hai qui dort
à côté d'elle à peine séparé par un voilage. Le frère et la sœur
encore innocents, quoique celle-ci le domine par l'éclosion du désir, échangent
leurs couches, se séparent puis se retrouvent, menant ainsi jusqu'au petit
matin une partie de cache-cache pleine de séduction enfantine et d'érotisme
naissant. La scène matinale, à chaque fois modifiée, module par petites
touches l'évolution des personnages. Les corps juvéniles s'étirent et se déplient
sur un rythme de chanson américaine différente. La couleur de leurs vêtements
se décline, du vert et rose acidulé au noir franc en passant par la fragilité
du blanc. Au dernier épisode, il n'y a plus d'ambiguïté sur la nature de
leur couple dont Lien était si fière. Les voilà habillés, prêts à
affronter l'activité du jour. C'est à ce même cheminement vers la sérénité que sont
conviés les autres personnages, à différentes étapes de leur vie. Deux sœurs
mariées, l'une à un écrivain et l'autre à un photographe, complètent le
tableau familial. Pour commémorer l'anniversaire de la mort de leur mère,
qui sert de prétexte à des retrouvailles chaleureuses, la famille se réunit
dans le restaurant de la fille aînée. Les trois sœurs, intimement liées,
préparent avec grâce les mets savoureux. Le couple modèle de leurs parents
sert de référence à cette harmonie bien construite à laquelle la ville
d'Hanoi prête son écrin. Mais les fêlures existent. Le souvenir d'un amour
d'enfance de la défunte mère les ravive. L'inspiration et la fidélité de
l'écrivain défaillent comme l'équilibre du photographe usé par le mensonge
depuis quatre ans. Au milieu d'instants délicieux, comme les exquises
escapades volontairement muettes de la sœur aînée dans les bras de son
amant, passent des éclairs d'une intense densité, d'une ineffable tristesse.
Sur un plan d'eau de mer, entre deux pans de falaise grise (sûrement la clé
du film d'après le titre enfin élucidé !) un vieux pécheur avoue son
impuissance face au photographe désemparé qui a rejoint dans ce coin de
paradis sa seconde femme et son enfant. "Comment combattre la tristesse
engendrée par la culpabilité, demande- t-il ?". "Quand ça
m'arrive, dit le vieux, je vais au village chercher une femme qui m'aime bien,
la moiteur de son corps me rassure. Mais si je me réveille au milieu de la
nuit, alors même la tiédeur de son corps ne peut en venir à bout ". La
beauté, semble nous dire Tran Anh Hung, est au-delà des sens. Elle trouve sa
plénitude dans la sagesse durement acquise, dans l'acceptation des deuils et
des réconciliations.
Maureen Loiret
Conclusion Le
cinéma vietnamien a considérablement changé de ses débuts en 1945 jusqu’à
maintenant. Il est passé d’un cinéma documentaire, en majorité, à un cinéma
moderne qui cherche à trouver sa place parmi le cinéma mondial. Des débuts
d’un cinéma d’idéologie socialiste, ayant pour unique but d’inculquer
aux masses les idées du parti (« le
cinéma vietnamien durant ce quart de siècle, a surtout reflété l’héroïsme
révolutionnaire de tout un peuple. Héroïsme d’hommes ordinaires, épris
de paix, mais prêts à tout sacrifier pour l’indépendance de la liberté.
Paysans qui s’engagent hardiment dans la voie de la coopération agricole,
dans les forces armées, dans les détachements de porteurs civils, ouvriers dévoués
à la cause de l’industrialisation socialiste, des soldats du peuple doux et
braves, femmes tendres mais d’une volonté de fer, vieilles mères qui
risquent continuellement leur vie pour aider l’armée, des enfants aussi qui
savent affronter les pires dangers. C’est un héroïsme collectif, un héroïsme
de masse qui se reflète dans un nombre de pellicules…le cinéma vietnamien
est lié aux masses dont il traduit les aspirations profondes, leur apportant
souvent des solutions aux problèmes posés par la vie » in La république
socialiste du Vietnam, Edition en langues étrangères, Hanoi-1985, p.162)
il devient un formidable outil de propagande jusque après la réunification
de 1975 puis, fin des années 1980 début des années 1990, il prend des
allures plus distractives avec, quand même, un poids important du parti qui
laisse aussi passer des films contestataires comme le film de Nguyên Khac
Loi, adapté d’une nouvelle de Nguyên Huy Thiep : Tß¾ng vê` hßu (Un général à la retraite). Les
changements du cinéma vietnamien marquent les changements d’une société
vietnamienne où le parti reste encore présent. Quelle influence va avoir le
nouvel homme fort du régime, le Général Lê Kha Phiªu , sur le cinéma vietnamien ? A
ce côté politique, le cinéma est maintenant freiné par des problèmes économiques,
problèmes de réseau de salles spectacles, fonds… où se pose aussi le
problème de fréquentation des salles. De plus, depuis que les Etats-Unis ont
levé leur embargo commercial au début 1994, le cinéma vietnamien a été
touché par une grosse concurrence. A quand une grande production purement
vietnamienne projetée sur nos écrans ? L’avenir du cinéma
vietnamien, au niveau international, doit-il compter sur ses expatriés ? Qu'en
est-il du cinéma vietnamien aujourd'hui ?
http://www.arte-tv.com/cinema/papaye/ftext/default.htm
aute de moyens, sans aide réelle de l'Etat, il n'a
pas vraiment évolué depuis ces dernières années. Et paradoxalement, il est
plus connu à l'étranger qu'à l'intérieur du Viêt-nam même. Fin janvier
1996 une sélection de films vietnamiens a été projetée à Rotterdam et
deux importantes rétrospectives ont eu lieu à Toronto et au Film Archives de
UCLA à l'automne dernier, mais à Hanoi ou à Ho-Chi-Minh-Ville, impossible
de voir ces films. On ne peut y voir que des films américains de série B ou
de Hong Kong en CD Laser ou en vidéo piratés refilmés directement sur l'écran.
En
fait le gouvernement qui depuis l'origine a toujours tout produit en matière
cinématographique - aujourd'hui encore, il en produit une dizaine par an pour
un public qui ne peut les voir - a très peu de moyens que ce soit pour la
fabrication des films ou pour leur distribution ou leur diffusion. Alors, les
cinéastes vietnamiens, pour monter
leurs films, doivent désormais compter sur des capitaux étrangers. Dang Nhat
Minh, le plus connu des cinéastes vietnamiens, a réalisé en 1994, Le Retour
grâce à Channel 4
(Grande-Bretagne) et son dernier film La Nostalgie du Pays (1995) grâce à
NHK (Japon).
D'autre
part, il n'existe aucune école du cinéma au Viêt-nam. C'est pourquoi les
cinéastes vont apprendre leur travail à l'étranger. Dang Nhat Minh est
parti en Russie puis dans les années 80 est allé enrichir sa culture cinématographique
à Paris à la Cinémathèque. Un autre cinéaste phare du Viêt-nam, Ho Quang
Minh, s'est exilé en Suisse où il possède sa propre maison de production.
Cette situation lui permet d'ailleurs de critiquer le pouvoir. En 1985, il a réalisé
Karma sur la tragédie de la guerre qui a eu un beau succès. Mais le
gouvernement n'a pas profité de ce succès ni du prestige à l'étranger de
Dang Nhat Minh et de Ho Quang Minh pour investir dans le cinéma de création
; il a préféré privilégier la vidéo. Pour surmonter sa crise, fort de
leur jeune succès hors de leurs frontières, les Vietnamiens devraient peut-être
s'inspirer du cinéma chinois, avec Chen Kaige et Zhang Yimou notamment, qui a
su s'ouvrir à l'occident, c'est à dire profiter de ce rayonnement en dehors
du pays, engranger des capitaux, réorganiser l'"industrie" du cinéma,
ne serait ce que par la construction de salles et stopper le marché noir de
la vidéo. Enfin,
le cinéma vietnamien pourrait trouver un nouveau souffle si le Viêt-nam
avait sa propre école de cinéma ; il pourrait ainsi former une nouvelle génération
de cinéphiles, qu'ils soient dans la fabrication des films ou simples
spectateurs. Durant
toute cette période, il a aussi existé un cinéma résistant anti-communiste
plutôt situé dans le sud du pays (péplum, films d'inspiration hindoue)
Bibliographie
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